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3 mai 2019 : l’odeur du thé…

Texte extrait d’un livre d’art à venir :



J’écris mes étés en bord de mer, et ma mémoire me fait sourire. Comme les photos avec le temps, changent de couleur, les événements changent d’émotion. Ce qui fut pénible ou même tragique engendre souvent la même mélancolie souriante que les instants de bonheur. Parfois les émotions s’inversent et l’on sourit aux malheurs surmontés comme l’on s’attriste aux amours passées. Il faut comprendre que tout bouge, tout meurt un jour, les gens, les pyramides et les villes, les oiseaux et les planètes. Nos destinées sont comme des brins de thé dans l’eau bouillante. J’ai bougé là où rien ne m’appelait. Cent fois, j’ai changé de chemins, d’envie et de coiffures, et je vais changer encore. Déjà, je sens ma vie se cristalliser au fond de la théière, sucre amer, dans un bol de porcelaine, parmi les feuilles de thé, moitié Earl Grey, moitié regret.

            Petit, en vacances sur la côte de Nâcre, on prenait de ce thé avec beaucoup de lait chaud quant il faisait trop froid dehors et qu’on avait dû rentrer, abandonnant nos châteaux aux vagues et  la plage à la marée montante. C’était souvent fin aout, les jours de grandes tempêtes avec leurs vagues affamées dévoreuses d’abris numérotées. On se réchauffait en jouant au nain jaune ou au monopoly, puis l’on ressortait un peu avant la nuit pour les regarder flotter au large, nos cabines. Je me souviens les avoir soupçonnées d’être enfin heureuse, fières d’être devenu enfin quelque chose de beau : presqu’un bateau ! 

            Moi aussi, demain, mes os se feront branches et ma chair, tamisée par l’intestin vorace de milliers de verres, deviendra terreau. Et alors ! Où est le problème ? Seul le chaos survit , il est le créateur du ciel et de l’amère. On m’a dit : seuls les grains de blé sont éternels. Il en est que l’on sort tout durcis par les siècles, éblouis sous les phares des Balcarts, du ventre parcheminé de momies pharaoniques. Parfois, l’homme les plante en terre, histoire d’expérience. Et les voilà qui renaissent et poussent vers le ciel, la tête lourde d’enfants blonds.On m’a dit, et moi, sur mon écran tissées de pixels, je tente de graver, à coups d’ongles dérisoires, ma mémoire, cet enfant apeuré qui pleure à jamais l’odeur du thé !


La publication a un commentaire

  1. carcy

    j’ai des doutes sur l’orthographe de heureuse s et devenu es

    ce livre d’art mériterait peut-être aussi une stylisation de la mise en page au niveau visuel de texte… plus de retour à la ligne et des souffles entre les mots
    merci ppour le partage il m’a bien fait voyager

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