Mes envies de bombes et d’hécatombes, ma part d’ombre, je ne les confiais qu’à Marie. Et ça la terrifiait. Je rêvais de carnages, de meurtres de bureaucrates et d’assassinats d’état. Plus le temps passait et plus j’avais envie d’en découdre, de fabriquer, fleuret à la main, des brochettes de crétin. De composer des colliers de couillons, l’air con, avec la lame qui leur sort du bidon.Marie s’inquiétait pour moi. Elle n’avait pas tort. J’avais envers les hu-mains une rage sourde, sans nom, et sans autre limite que mon imagination.On a beau vivre ensemble une vie en commun, on ne lit pas le même livre. Pierre s’est redressé pour décoller de son fauteuil ses pensées et sa veste trempée de sueur. Éclair, chaleur, tonnerre. Premières gouttes sur le pare-brise. Sur le périphérique, il essaye de se calmer. Mais, réduite à cent dix à l’heure, sa vie l’obsède.Heureusement qu’il a Marie, toutes les femmes dans une même poupée ché-rie. Grande âme, amante et amie, d’une gentillesse infinie, sainte Marie pleine de grâce, jamais lasse, toujours prête…