Extrait de la nouvelle trilogie

Sorti le 8 août 1888 des entrailles de Christonia Bucharnan, Joshua avait aujourd’hui, 26 ans. À l’instar de tant de jeunes à l’époque, son avenir allait être dessiné à son insu avant d’être gravé sur des monuments dont les pierres n’étaient pas encore extraites. En ce mois de septembre 1914, le futur était inenvisageable et le présent peu enviable. Mobilisé pour et par la patrie, il serait au choix, selon le sort des armes, éventré par une baïonnette allemande, démembré par le souffle d’un obus, étouffé par un nuage de chlore ou coupé en deux par une rafale de 7.92. Seule certitude, vivant ou mort, il serait décoré. Pendant les guerres, les médailles sont aussi bon marché que la chair à canon. Elles ne se négocient plus à l’unité mais au poids. Devant Joshua Bucharnan, le no man’s land tourmenté de barbelés, de carcasses de chevaux et de squelettes humains, n’avait plus rien à envier à l’enfer. Vautré dans la boue, le nez écrasé contre un mouchoir, l’Irlandais tentait d’échapper, sinon à la guerre, à son…

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Pour tous les isolés !

Extrait d'un thriller terminé et à venir, dans un avenir qui tarde à venir. Premier d'une nouvelle trilogie, parallèle aux chroniques barbares, mais sans le commissaire. (qui lui continue sa vie dans deux nouveaux romans dont un est finalisé et en attente d'édition)Puisque vous voilà tous confinés, une petite ballade dans un château de mon imagination (cet extrait se situe au début du roman) En passant commande à Antoni Gaudí, 120 ans plus tôt, Thor Sven Grünnes avait eu deux exigences : que la demeure, construite à la gloire de ses ancêtres scandinaves, soit inspiré de l’art viking, et que la construction ne prenne que deux années. Elle devait être terminée pour son anniversaire, le premier avril 1 882. Thor avait prévu d’organiser un week-end d’anthologie où seraient invités tous ces amis et relations professionnelles. Afin de se garantir de toute mauvaise surprise, il avait été convenu que les honoraires de l’architecte seraient amputés de 1 pour cent par jour de retard. Mais la volonté d’un homme, même aussi riche que Thor Sven Grünnes,…

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Ecri… vain ?

Extrait d'un livre à venir. Hé oui, encore un autre ^^ disent le cœur des vierges ! Un roman "feel-good" premier d'une nouvelle série. Le commandant Dun invita Ulysse à s’asseoir et se mit à parcourir lentement la pile de dossiers qu’il avait devant lui. Il prenait son temps. Ulysse se tourna vers la fenêtre. La neige tombait à gros flocons. Le sol vibrait au passage du métro et les vitres à ceux des autobus. Son cœur battait de tristesse et d’angoisse. Deux tasses brûlantes arrivèrent. Ulysse remercia la jolie fliquesse qui les avait apportés. L’écrivain l’avala en trois gorgées alors que le commissaire, après y avoir rajouté quatre sucres, en sirotait lentement le contenu. Il releva enfin la tête en lui avouant : — Je me suis permis de jeter un œil indiscret sur vos comptes, cher Monsieur. Les lèvres du policier étaient pleines, presque noires. Il avait les cheveux crépus et la peau chicorée, d’un beige mastic. Au milieu, ses yeux verts illuminaient son visage en y ajoutant la fièvre étonnante de l’émeraude. —…

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Une histoire de Papillons !

À l’abri du bruit, les oreilles sous l’eau, Pierre dérive et s’interroge en vrac. Impossible de donner encore des ordres précis à un esprit qui ne semble plus n’obéir qu’aux pulsions de douleur ou de béatitude. Pierre se dit que mourir sera l’occasion d’échapper à ce grand fatras de foutre et de poutres où vit l’Homme. Cette Terre qui affiche complet et croule sous ses excréments. Échapper à ces terriens en grappe avec leurs culs qui les grattent. Tous ces fabricants de merde qui se bousculent et s’écrasent, pensent sans compassion, prennent sans modération, ces êtres penchants, non pensants, consternants, faits de la même merde hypocrite dont tout le reste est fait. C’est l’immonde qui gouverne le monde : l’immonde du mensonge et de la médiocrité, de la lâcheté et de l’injustice. Comment ne pas éprouver un minimum de soulagement à l’idée de quitter cet endroit ? Depuis deux heures, il crawle à un rythme soutenu, encouragé et submergé par un sentiment oublié. Cette même sensation qu’il éprouvait petit, lorsqu’il partait ainsi tout droit sans se…

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Rejoignez-moi !

Bientôt 1000 abonnés sur mon Instagram. J'y développe depuis 6 mois une galerie de travaux photo-technique-mixte en vue de la sortie d'une nouvelle série de livres d'art + Expos. Abonnez-vous et vous y découvrirez mes… "Morphéographies" ®© : un travail quentrepris dans les années quatre-vingt. C'est par ici :https://www.instagram.com/mallock_art/

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Portrait du Commissaire extrait de la prochaine chronique

Mi-muscle, mi-graisse, mi-Rambo, mi-Rimbaud, mi-Jaguar, mi-Peugeot, Mallock était un être paradoxal. Rat des villes et rat des champs, cultivé et cul-terreux, d’argile et d’acier, anachorète contrarié vivant parmi les hommes, Amédée était principalement constitué d’excès. Bavard silencieux, brute tendre, force fragile… tous ceux qui tentaient de faire un portrait juste et fidèle du commissaire étaient le plus souvent contraints à l’oxymore. Ce matin-là, Amédée s’était réveillé en ressassant les morts du Japon, ceux qu’il n’avait pas réussi à empêcher lors de son enquête (cf. Le principe de Parcimonie). Comme Christian, le père de Luna, il avait refait la partie, espérant à chaque fois un nouveau dénouement. S’ils avaient attaqué différemment ? Sans attendre ? S’il avait repoussé Renaud d’Harcourt et foncé directement dans l’escalier comme il en avait eu l’intention ? L’épilogue n’aurait-il pas été différent ? Certes il serait mort, mais encore ?

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Le « Maquilleur » prend la parole.

Pour changer des "exclus" en ce vendredi 16 août, un "extrait" des "Visages de Dieu" la toute première Chronique barbare. Attention, âmes sensibles s'abstenir ! Pleurer de bonheur devant la beauté de l’oeuvre accomplie. Pleurer et bander, arroser de larmes et de foutre, lacrimæ Christi, tous ces beaux visages d’icônes. On m’appelle le Maquilleur, mais je suis tellement plus. Plusieurs… Même pas vieux, ni même jeune, immortel ! Dans la pièce dérobée qu’il a aménagée à l’abri des regards, le meurtrier se déshabille lentement avec le recueillement d’un homme d’Église retirant, après la messe, étole, camail, amict, manipule et cappa magna. Je suis celui qui pourvoit à la douleur. De la mort, le grand nettoyeur. Polluée de péchés, contaminée d’hommes, notre Terre est exsangue, et moi, je la laverai à grands coups de langue… Le tueur pénètre lentement dans la salle de bains en faïence rouge. Sa chapelle secrète recouverte de 9, écrits à l’encre blanche… Je procède à la récolte des visages. Pêcheur de perles, je vais au fond des autres pour en…

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Mallock, Aristote et les Beatles !

Sa passion avait vraiment commencé en 1966, à quinze ans. Mallock vivait alors à une heure de Caen avec ses parents. Ils louaient des terres appartenant à son oncle et frère d’André-Ferdinand, le père d’Amédée. Né dans le Béarn en 1930, ce dernier vivait sa vie comme une épreuve, un parcours du combattant dont il se savait déjà perdant. Chaque jour, il se levait battu, chaque soir, il s’endormait courbatu. Après avoir échoué à rentabiliser ses propres terres dans le Béarn, il avait rejoint son frère Aristide Mallock, dis Aristote, en Normandie où ce dernier, par contre, avait plus que réussi puisqu'il y avait fait fortune.  À sept ans Amédée avait découvert, du Cavados, l’intérieur des terres. Ni mer, ni montagne, parfois des bocages charmants, sinon de grandes plaines confusantes. Certes, de fastueux couchers de soleils barbouillaient le ciel. Mais, ils étaient trop beaux, trop outrés, au point qu’ils en devenaient vulgaires.  En 1966, Amédée reçut deux coups de revolver. Le premier fut tiré par sa mère. Elle avait essayé de se noyer puis…

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L’enfance de Mallock

Le dimanche de pâques lorsque toutes les cloches sonnaient, Mallock ouvrait ses fenêtres pour mieux les entendre. C’était le bruit de son enfance. Pas celle qu’il avait vécu avec ses parents, pas l’enfer, non, le paradis des années de lycée qu’il avait passées en Normandie, à St Aubin sur Mer avec son oncle.  Aristote était un sage qui lui répétait souvent : « On devrait faire passer un examen pour autoriser les gens à avoir des enfants. On le fait bien pour leur permettre de prendre le volant. » Puis il rajoutait infailliblement : « C’est aussi facile d’apprendre à conduire,  que difficile de savoir se conduire avec des enfants » et il terminait par l’éternelle blague : «  d’où la famille de décapotable qui jouent dans mon garage». Aristide Mallock possédait une collection de voitures anciennes. Parmi elles, la Jaguar qu’Amédée continuait à conduire encore aujourd’hui. Seul héritier, il s’était retrouvé devant un dilemme : que faire de la collection d’Aristote ? Pendant quelques années, il avait tout gardé : les 12 voitures et la villa de St Aubin. Un jour, il avait fallu…

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Putain de doigt !

Chaque dimanche que Dieu faisait, avec mes sœurs en kilt, on rendait visite aux parents de mon père et de ma mère, pas de jaloux. Les deux grands-mères sentaient la poudre de riz, et les deux grands-pères étaient Gadzarts, entrepreneurs et inventeurs. Mon père aussi. Mais, de tous ces ingénieux réunis, il n’y avait que pépé qui fumait la pipe. C’est curieux comment les traditions se font. Un beau jour, je devais être comme d’habitude sur les genoux de pépé, j’ai décidé de remplir moi-même sa pipe, de son tabac favori. L’odeur de pain d’épice qui sortait du paquet bleu marine, les belles lettres : Amsterdamer, le bout du tuyau en bakélite mordue, les bords brûlés, la robe en bruyère, couleur miel, tout me semblait magique. Et, à mieux y réfléchir aujourd’hui, il y avait de quoi, surtout pour un bout de chou des villes. C’était comme un grand feu dans la campagne, avec des bûches gigantesques et des brouettes d’herbes sèches et de branches, mais en tout petit. Avec le bois, les feuilles…

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Passage censuré des « Larmes de Pancrace »

Les Larmes de Pancarce faisant au départ pas loin du million de signe, j'ai été obligé à l'époque, de faire un certain nombre de coupures. Bien que concernant la mort de Tom, le passage que je vous propose aujourd'hui n'était pas essentiel et ralentissait l'action. Parfois, c’était comme ça. Y'avait rien à faire, c’était l’enfer. Mallock s'était réveillé, ce matin-là, avec la mort de Thomas en lui et tout autour de lui, comme une odeur. Celle du malheur. Une effluve persistante, portant au cœur. La veille, tout avait été trop brillant. Les enfants, dansant, les enfants, riant, les enfants, chantant, tellement vivants parmi les derniers rayons orange de l'été.  Les toutes premières secondes de sa vie sans Tom, lorsqu’il avait regardé les mots s'évader de la bouche de Dublin lui annonçant l'impensable. Quand il avait observé l'hystérie des phrases prononcées, leurs petites pattes noires. Lorsqu'il avait entendu la cohorte de cloportes rebondir sur le sol brillant de l'aéroport, il n’avait pas réagi. Commotion, stupéfaction… Irradié par la douleur, il était resté debout, figé. Debout,…

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Extrait du « Volcan ! » livre inédit.

Extrait exclusif d'un livre à venir…Sur une stalle de Notre-Dame, Edgard est assis. Sa main droite est posée, aigle au repos sur une branche. Son bras gauche retombe, dessinant la seule verticale de ce corps affaissé, tout en diagonales et courbures fatiguées. Au centre de la cathédrale, là où se porte le regard du Maxilien, une femme dort. Nue, elle griffe dans son rêve la peau de son amant. Ses doigts allongés rayent la fine soie des draps. Au-dessus d’elle, toile de pierres tendue entre les arcs, la voûte du transept se perd dans l’ancienne pénombre de l’aube. Edgard regarde Théa. Il traîne les résolutions de son cœur et d’une âme anachronique, plus lourdes à son corps que le titane tissé de son armure. Colonnades obliques bâties par le ciel, de larges gloires saturées de poussières viennent s’accrocher à l’humide guipure granitée des chapiteaux. Au centre de son nid, aéronef, Théa dort. De sa bouche sort l’haleine tiède du corps. Elle forme une vapeur éphémère qui trouble les pierres. Aujourd’hui il veut savoir qui…

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